Lors de la période de reproduction, le bar sauvage se regroupe en banc pour frayer. Cette caractéristique biologique le rend vulnérable à la pêche professionnelle et récréative. Le manque de mesures de gestion au niveau européen ne contribue pas à protéger cette espèce (aucun TAC – Total Admissible de Captures – ni de quota). Voici les raisons pour lesquelles il est important d’arrêter de consommer du bar sauvage, en particulier en début d’année.

Raison n°1 : son comportement grégaire en période de frai le rend vulnérable

Le bar se regroupe en frayère au large des côtes et plus en profondeur :

  • de février à mai dans le golfe de Gascogne ;
  • de décembre à mars en mer Méditerranée ;
  • de mars à mai en Manche ;
  • d’avril à juin en mer du Nord.

Ainsi, lors des périodes de frai, les bars se regroupent en banc et ils ont été, du coup, longtemps ciblés par les chalutiers et les senneurs, alors qu’en dehors de ces périodes, le bar retrouve un comportement solitaire et est capturé par ces navires de manière plus accidentelle.

Cette concentration élevée en période de frai va permettre à un bateau de capturer plus de poissons qu’en dehors de la période de reproduction. Cette espèce est donc particulièrement vulnérable à la pêche pendant cette période.

Raison n°2 : aucun TAC ni quota au niveau européen

Une réflexion est en cours depuis plusieurs années au sein de la Commission européenne afin d’établir des TACs et des quotas de pêche pour cette espèce au niveau européen, du fait de son exploitation de plus en plus importante et des baisses importantes de biomasse observées ces dernières années dans certaines zones. Mais certains Etats membres, tels que l’Irlande, s’opposent fortement à cette proposition car ils n’obtiendraient pas assez de quotas en raison de leur faible niveau historique de captures.

En effet, les quotas sont établis au niveau européen sur la base des captures déclarées au cours des années passées. L’Irlande ayant des niveaux de captures de bar plus faibles que la France par exemple, craint d’être lésée par la mise en place de quotas.

Raison n°3 : stocks fragilisés et manque de données

Stock Nord (mer Celtique, Manche, mer d’Irlande et mer du Nord)

Ce stock a fait l’objet d’une surpêche très importante entre 2005 et 2015, qui a entraîné, entre 2009 et 2016, une forte diminution de la quantité d’adultes en âge de se reproduire (biomasse de reproducteurs). De plus, il a continué de s’affaiblir en raison d’une capacité de reproduction faible et instable, probablement liée à des températures hivernales non optimales pour la survie des juvéniles et le succès de la reproduction.

Suite à une alerte scientifique sur l’état de la biomasse, la Commission européenne a mis en œuvre en 2016 une mesure d’urgence : la pêche professionnelle au bar a été fermée dans la zone Nord les six premiers mois de l’année 2016 puis toute l’année 2017 (exception faite aux ligneurs : seulement deux mois d’arrêt en février-mars en 2016 et 2017).

De plus depuis 2016, des mesures de gestion adaptées au fil des années sont appliquées à la pêche professionnelle et à la pêche de loisir :

  1. Pêche professionnelle : interdiction de captures en février et mars, interdiction totale au chalut pélagique, très forte limitation (plafond annuel par navire) pour les autres métiers (hors fermeture) et taille minimale de capture augmentée de 36 à 42 cm.
  2. Pêche de loisir : pratique du « pêcher-relâcher » sur des périodes variables selon les années et limitation à un nombre réduit de prises par pêcheur et par jour pendant les périodes restantes.

Suite à la mise en œuvre de ces mesures d’urgence, le taux d’exploitation a fortement diminué et est désormais compatible avec une potentielle reconstitution du stock. Pour autant, la biomasse, bien qu’en légère augmentation, reste encore très faible très proche du seuil d’effondrement.

Les scientifiques du CIEM (Conseil International pour l’Exploration de la Mer) a recommandé ainsi des captures totales (professionnelles et récréatives) au plus égales à 2 000 tonnes pour 2021.

Stock Sud (Nord et Centre du golfe de Gascogne)

La situation du stock Sud est globalement meilleure que pour le stock Nord. Cependant, depuis 2010, une baisse de la biomasse de reproducteurs a été observée et elle représente un sujet d’inquiétude pour les scientifiques. En 2020, son niveau estimé stable et au-dessus de celui compatible avec l’objectif de durabilité ; la pression de pêche fluctue ces dernières années autour de celui permettant le RMD (Rendement Maximum Durable)*.

La gestion de ces stocks (à l’exception de la pêche récréative) est confiée à la France en accord avec la Commission européenne, qui a mis en place en 2016 un régime de plafond de capture national compatible avec les préconisations CIEM.

Ces mesures de gestion incluent :

  • Limitations de capture fixées pour l’ensemble des navires professionnels battant pavillon français (en fonction des métiers et du type de licence) ;
  • Une taille minimale de capture de 40 cm.

Les scientifiques du CIEM ont recommandé ainsi des captures totales (professionnelles et récréatives) au plus égales à 3 108 tonnes pour 2021. Le niveau du plafond global de captures pour l’ensemble des bateaux français a été fixé à 2 390 tonnes.

Autres stocks européens

Les données scientifiques font défaut sur les autres stocks de l’Atlantique Nord-Est (Ouest Écosse Ouest et Sud-Ouest Irlande, sud du golfe de Gascogne et côtes ibériques). La communauté scientifique recommande donc de ne pas augmenter les captures mais aucune mesure de gestion n’existe au niveau européen pour en réguler les prises.

En Méditerranée, le bar n’est pas suivi scientifiquement et les stocks ne sont pas évalués.

Raison n°4 : forte pression de la pêche récréative

La pêche récréative est importante sur cette espèce. Selon les scientifiques du CIEM, pour le stock Nord, environ 1 000 tonnes de prises commerciales ont été débarquées en 2019 et les prises issues de la pêche récréative sont estimées à environ 300 tonnes (les prélèvements concernant la pêche récréative sont difficiles à évaluer car non reportés).

Des mesures ont été prises au niveau européen pour diminuer les captures des plaisanciers :

  • Stock Nord : la pêche récréative est limitée à la pratique du « pêcher-relâcher » avec une canne ou une ligne à main sur des périodes variables selon les années et une limitation du nombre de prises dans les périodes restantes.
  • Stock Sud : la pêche récréative est limitée au niveau du nombre de prises.

Les quotas par jour imposés à la pêche récréative créent des conflits entre plaisanciers et professionnels car aucun quota européen n’existe à l’heure actuelle pour les professionnels. La taille minimale de capture pour les plaisanciers est de 42 cm dans les zones Sud et Nord ; en Méditerranée, elle est fixée à 30 cm, bien en dessous de sa taille minimale de reproduction (37-40 cm chez les femelles).

Raison n°5 : taille minimale de capture pas toujours en accord avec la taille minimale de reproduction (pêche professionnelle)

Suite à l’alerte scientifique en 2014, la Commission européenne a augmenté en 2015 la taille minimale de commercialisation du bar de 36 à 42 cm en mer du Nord, Manche, mer Celtique et mer d’Irlande, mais reste inférieure à la taille minimale de reproduction de l’espèce (45 cm chez les femelles).

Cette taille a également été augmentée à 40 cm en 2020 dans le Golfe de Gascogne mais reste inférieure à la taille minimale de reproduction de l’espèce (42 cm chez les femelles).

En Méditerranée, la taille minimale de commercialisation est fixée à 25 cm, bien en dessous de sa taille minimale de reproduction (37 cm chez les femelles).

Focus sur les techniques de pêche du bar

Le chalut pélagique était très utilisé jusqu’en 2015 pour pêcher le bar. Cette technique permet de prélever une grande quantité d’individus rapidement. Les chaluts pélagiques ont ainsi entraîné un effort de pêche très important sur la ressource, en particulier pendant le frai, moment où elle est particulièrement fragile. Le chalut pélagique est aujourd’hui interdit dans la zone Nord.

Aujourd’hui, une plus grande diversité de techniques de pêche (ligne, filet, palangre) est utilisée pour capturer le bar.

Les métiers de l’hameçon et du filet dominent depuis quelques années (60 % des captures totales en zone Sud (Golfe de Gascogne) et 78 % en zone Nord (mer Celtique, Manche, mer d’Irlande et mer du Nord)) :

  • la bolinche (ou senne coulissante) ne cible plus le bar ;
  • le chalut pélagique représente moins de 10 % des captures sur l’année ;
  • le chalut de fond représente 14 % ;
  • la senne danoise représente 3% en zone Nord.

Plusieurs chaînes de distribution ont décidé de suspendre la commercialisation de bar sauvage en période de frai.
En raison de la fragilité biologique de cette espèce, il est important de conserver une consommation modérée également en dehors de la période de reproduction, et de privilégier le bar pêché à la ligne ou à la canne.

Recommandation d’achats

Bar sauvage

À privilégier : Stock Sud (nord et centre du Golfe de Gascogne)

À consommer avec modération : stock Sud du golfe de Gascogne et côtes Ibériques, stock Ouest Écosse, Ouest et Sud-Ouest Irlande, tous stocks de Méditerranée.

Privilégiez les individus ayant une taille supérieure à :

  • 42 cm (golfe de Gascogne)
  • 37 cm (golfe du Lion)
  • 45 cm (autres provenances)
  • ou les grands filets issus d’individus matures ayant eu le temps de se reproduire.

Privilégiez les individus pêchés à la ligne / canne.

À éviter : stock Nord (mer du Nord, mer d’Irlande, Manche et mer Celtique)

Évitez la consommation de bar pendant la période de frai

Refusez d’acheter les bars qui vous seraient proposés par les pêcheurs non professionnels (les poissons ont normalement la queue coupée)

Bar d’élevage

Vérifiez les conditions de production avant tout achat

*Rendement Maximal Durable : plus grande quantité de poissons qu’il est possible de pêcher sur le long terme sans altérer la capacité de la population à se reproduire.